Thierry, un amateur de course à pied breton qui a contacté l’équipe de Soyons Sports, s’est lancé un défi hors du commun : participer à la Diagonale des Fous 2024, l’une des courses d’ultra-trail les plus exigeantes au monde. Ce challenge, qu’il s’est fixé seulement deux ans après avoir commencé la course à pied, peut sembler insurmontable pour un coureur novice. Pourtant, avec une préparation rigoureuse et une volonté à toute épreuve, Thierry se prépare à affronter les 165 km et 10 000 mètres de dénivelé positif de cette épreuve légendaire sur l’île de La Réunion. À travers cet entretien, il nous partage son parcours, ses méthodes d’entraînement et ses conseils pour ceux qui, comme lui, rêvent de se mesurer à cette course mythique.
Le déclic : Pourquoi se lancer dans la Diagonale des Fous ?
Question : Thierry, qu’est-ce qui t’a poussé à viser un objectif aussi extrême que la Diagonale des Fous, surtout en étant amateur et débutant en course à pied il y a deux ans ?
Thierry :
Tout a commencé lorsque j’ai découvert le monde de l’ultra-trail. J’ai toujours aimé la nature et les grands défis, mais je n’avais jamais pensé à courir de longues distances. Un ami qui a déjà participé à la Diagonale m’a parlé de son expérience, et j’ai été immédiatement fasciné. Je voulais un défi qui me sorte de ma zone de confort et qui représente quelque chose de vraiment grand. La Diagonale des Fous, avec ses 165 km et ses 10 000 mètres de dénivelé, me semblait être le test ultime pour me prouver ce que je pouvais accomplir. Même si je suis débutant, l’idée de courir à travers les paysages magnifiques de La Réunion tout en repoussant mes limites physiques et mentales m’a séduit.
Passer de débutant à ultra-trailer : un programme d’entraînement intensif
Question : Comment es-tu passé du statut de débutant à celui de candidat pour la Diagonale des Fous en seulement deux ans ?
Thierry :
C’est un processus qui demande de la patience et de la régularité. Quand j’ai commencé à courir, je ne faisais que quelques kilomètres, principalement sur du plat. Très vite, j’ai compris que pour participer à une course comme la Diagonale, il fallait travailler sur plusieurs aspects : endurance, force, et surtout résistance mentale. J’ai d’abord commencé par des marathons et des courses sur route, puis je suis passé au trail. L’idée était d’augmenter progressivement mes distances, tout en intégrant des courses avec du dénivelé. J’ai également travaillé sur des exercices de renforcement musculaire, notamment pour les jambes, et sur ma capacité à enchaîner des courses longues, parfois plusieurs jours de suite.
Les spécificités de la préparation pour la Diagonale des Fous
Question : Quelles sont les spécificités d’entraînement pour une course aussi exigeante que la Diagonale des Fous ?
Thierry :
Ce qui rend la Diagonale des Fous unique, c’est le dénivelé et la technicité du terrain. Il ne suffit pas de courir sur du plat ; il faut être capable de grimper des pentes abruptes et de les descendre sans se blesser. J’ai donc intégré beaucoup d’entraînements en montagne, même si en Bretagne, c’est plus compliqué. Je me suis entrainé sur les côtes bretonnes et dès que l’occasion se présentait, je repense par exemple à un week-end en région parisienne sur les 25 bosses à Fontainebleau ou l’été qui a précédé dans les montagnes corses sur le GR20
J’utilise des pentes et des sentiers accidentés, et je fais des exercices spécifiques pour améliorer ma capacité à grimper et à descendre en sécurité. Le travail en descente est particulièrement important, car c’est là que beaucoup de coureurs se blessent. La diagonale demande aussi une bonne gestion de la fatigue et du rythme, alors je fais des sorties longues pour simuler ces efforts prolongés.
L’alimentation et la gestion de l’effort
Question : Comment gères-tu ton alimentation avant et pendant les courses d’entraînement pour une telle épreuve ?
Thierry :
L’alimentation est cruciale, surtout pour une course aussi longue. Je teste plusieurs stratégies pendant mes sorties longues. J’alterne entre des gels énergétiques, des barres et des aliments plus naturels comme des fruits secs. Il est important de trouver ce qui fonctionne pour moi, car l’objectif est de ne pas avoir de problèmes de digestion pendant la course. Je m’hydrate aussi régulièrement et teste les quantités à prendre pour ne pas être déshydraté. Pendant la Diagonale, je devrai être capable de m’alimenter toutes les 30 à 40 minutes pour maintenir mon énergie. Il est essentiel de bien connaître son corps et d’anticiper les moments de baisse d’énergie.
Le mental : Se préparer à l’inévitable douleur
Question : La Diagonale des Fous est souvent décrite comme une course où le mental est aussi important que le physique. Comment te prépares-tu à affronter ces moments de doute et de douleur ?
Thierry :
Le mental, c’est souvent ce qui fait la différence entre finir une course et abandonner. Je travaille beaucoup là-dessus, surtout lors des sorties longues, quand la fatigue commence à s’installer. Pour moi, c’est une question de résilience : je me fixe de petits objectifs pour ne pas être submergé par l’immensité de la course.
Par exemple, je me concentre sur le prochain ravitaillement, pas sur la totalité des kilomètres restants. Je fais aussi de la visualisation positive : je m’imagine franchissant la ligne d’arrivée, ce qui me motive à continuer même quand ça devient difficile. La préparation mentale est aussi une question d’habitude : plus on affronte la douleur lors des entraînements pour la diagonale à la réunion, plus on est prêt à la gérer le jour de la course.
Le matériel et la logistique : Tout est dans les détails
Question : La logistique est essentielle pour une course de cette envergure. Comment choisis-tu ton équipement pour la Diagonale des Fous ?
Thierry :
Le matériel peut vraiment faire la différence, surtout sur une course aussi longue. Je passe beaucoup de temps à tester mes chaussures, mon sac de trail, mes vêtements, etc. Il ne faut jamais utiliser du matériel neuf le jour de la course. J’ai choisi des chaussures avec un bon grip pour éviter de glisser sur les terrains accidentés et des vêtements légers qui sèchent rapidement, car la chaleur et l’humidité à La Réunion peuvent être écrasantes.
J’ai aussi un sac à dos de trail avec tout l’équipement obligatoire : une veste imperméable, une lampe frontale, des réserves d’eau et de nourriture. La gestion des ravitaillements est un autre point important : je planifie en détail ce que je vais manger et boire à chaque point, et j’anticipe les besoins en fonction de la chaleur ou de l’altitude.
À quoi s’attendre le jour J ?
Question : Maintenant que la course approche, qu’est-ce qui te fait le plus peur ou que tu attends avec le plus d’impatience ?
Thierry :
J’ai évidemment des peurs, comme tous les coureurs. J’ai peur de me blesser ou de ne pas réussir à finir la course. Le climat est aussi une inconnue : la chaleur ou les intempéries peuvent vraiment compliquer les choses. Mais en même temps, je suis très excité à l’idée de vivre cette expérience.
La Diagonale des Fous est une course légendaire, et l’idée de courir à travers des paysages aussi incroyables me motive énormément. Ce qui me pousse le plus, c’est de savoir que je vais me confronter à mes limites, et que je vais devoir trouver en moi la force de continuer, même quand tout semble difficile. Mon but ultime est de passer la ligne d’arrivée. Peu importe si je marche sur les derniers kilomètres, tant que je finis.